Solastalgie : Pourquoi 78% des Français Ressentent Cette Douleur (Guide 2025)


Publié par Rafael Morel••10 Min Lecture
Vous vous réveillez en sueur après une nouvelle nuit de canicule.
Votre ville natale ne ressemble plus à celle de votre enfance.
Les étés deviennent insupportables.
Vous pensez déménager, mais cette idée vous brise le cœur.
Ce malaise a un nom : solastalgie.
78% des Français ressentent une anxiété face au changement climatique (IFOP, 2024).
Parmi eux, 34% évoquent une détresse liée à la transformation de leur environnement proche.
Ces chiffres explosent chez les 25-40 ans, particulièrement les parents.
Dans ce guide, vous découvrirez la définition précise de ce phénomène, ses différences avec l'éco-anxiété, et surtout : des protocoles concrets pour transformer cette détresse en actions mesurables sans sacrifier votre temps ni votre santé mentale.
Vous apprendrez également comment protéger vos enfants sans leur transmettre votre angoisse.
Dans cet article :
- 1. Solastalgie : définition et origine
- 2. Solastalgie vs éco-anxiété : 3 différences
- 3. Reconnaître les symptômes sans pathologiser
- 4. Quand la solastalgie frappe-t-elle ?
- 5. Comment transformer l'impuissance en action ?
- 6. Protéger ses enfants de l'anxiété climatique
- 7. S'adapter localement sans tout quitter
- 8. Questions fréquentes sur la solastalgie
Solastalgie : définition et origine
💡 Définition en 40 mots
La solastalgie désigne la détresse psychologique causée par la transformation négative de son environnement familier, notamment sous l'effet du changement climatique, alors qu'on continue d'y vivre. C'est un deuil écologique sans départ physique.
Le terme a été créé en 2003 par le philosophe australien Glenn Albrecht pour décrire la souffrance des habitants de la vallée Hunter (Australie), témoins de la destruction de leurs paysages par l'exploitation minière à ciel ouvert.
Contrairement à la nostalgie qui implique un déplacement dans l'espace ou le temps, la solastalgie survient lorsque le lieu reste identique géographiquement mais se transforme radicalement dans son essence.
Vous êtes toujours chez vous, mais "chez vous" n'existe plus vraiment.
Étymologie et origine du terme
Le mot solastalgie fusionne deux racines :
- "Solace" (réconfort, en anglais) – ce qu'on perd quand le lieu familier disparaît
- "Algia" (douleur, du grec) – la souffrance psychique ressentie
- "-nostalgia" (nostalgie) – pour évoquer le lien émotionnel au territoire
Glenn Albrecht voulait nommer une réalité ignorée par la psychiatrie classique : le chagrin environnemental des personnes restées sur place.
Depuis 2015, le concept connaît une expansion fulgurante en France, au Québec et en Belgique francophone, parallèlement à la multiplication des événements climatiques extrêmes.
Solastalgie vs éco-anxiété : 3 différences
Ces deux termes sont souvent confondus. Voici un tableau pour clarifier.
| Critère | Solastalgie | Éco-anxiété |
|---|---|---|
| Déclencheur | Transformation constatée de SON lieu de vie | Inquiétude générale sur l'avenir climatique |
| Temporalité | Deuil au présent ("mon environnement est déjà détruit") | Peur du futur ("que va devenir le monde ?") |
| Ancrage | Lié à un territoire précis | Détachée d'un lieu spécifique |
| Symptômes typiques | Tristesse, perte d'identité locale, nostalgie inversée | Anxiété diffuse, paralysie décisionnelle, culpabilité |
| Rapport au lieu | Attachement douloureux maintenu | Préoccupation globale, planétaire |
Points communs et vraies différences
Les deux phénomènes partagent une racine : la conscience aiguë du changement climatique.
Mais leur mécanique émotionnelle diffère :
- Solastalgie : "Je pleure ce qui était ici et qui n'est plus"
- Éco-anxiété : "J'ai peur de ce qui pourrait arriver partout"
✓ Vous pouvez ressentir les deux simultanément
✓ Aucun n'est une pathologie psychiatrique (sauf complication)
✓ Les deux appellent des réponses différentes : la solastalgie nécessite un travail de deuil et de réancrage local ; l'éco-anxiété demande souvent de passer à l'action pour retrouver du contrôle.
Selon une étude de l'Université de Laval (2023), 67% des personnes souffrant de solastalgie ne consultent jamais, pensant que "c'est normal de se sentir mal".
Reconnaître les symptômes sans pathologiser
La solastalgie se manifeste par des signes psychologiques et physiques, souvent minimisés ou confondus avec une dépression classique.
Signes émotionnels fréquents :
- Tristesse persistante liée à un lieu précis (votre jardin, votre quartier, votre région)
- Sentiment de perte d'identité : "Je ne me reconnais plus ici"
- Ruminations sur "comment c'était avant"
- Colère contre l'inaction collective ou les responsables locaux
- Impuissance face à l'irréversibilité des changements
Manifestations physiques :
- Insomnie légère à modérée, notamment lors d'événements climatiques (canicules, sécheresses)
- Fatigue chronique sans cause médicale apparente
- Tensions corporelles, maux de tête
- Difficulté à se concentrer, "cerveau en ébullition"
Ces symptômes ne signifient pas automatiquement un trouble mental.
Ils sont des réponses normales à une situation anormale : la destruction accélérée de votre cadre de vie.
Quand envisager un accompagnement professionnel
Consultez un psychologue ou psychiatre spécialisé si :
- Les symptômes persistent >3 mois malgré des tentatives d'adaptation
- Votre fonctionnement quotidien est altéré (travail, relations, sommeil gravement perturbés)
- Vous avez des pensées suicidaires ou d'automutilation
- Vous développez des comportements d'évitement extrêmes (refus de sortir, rupture sociale)
- Vous consommez alcool/substances pour "ne plus penser"
La thérapie ACT (Acceptation et Engagement) et les thérapies écopsychologiques montrent des résultats prometteurs pour accompagner ces vécus.
Quand la solastalgie frappe-t-elle ?
"J'ai peur des étés. Je vais déménager dans une zone froide pas chère dès que possible, ça me fait chier mais j'ai pas le choix."
Ce témoignage d'un habitant de Montpellier (Reddit, 2023) illustre un contexte typique.
Contextes déclencheurs en France :
- Canicules répétées : Montpellier, Lyon, Toulouse – impossibilité de dormir, végétation brûlée
- Sécheresses prolongées : Sud-Ouest, région PACA – lacs asséchés, restrictions d'eau, arbres morts
- Incendies de forêt : Gironde, Var – paysages calcinés, odeur de fumée récurrente
- Inondations : Nord, vallées alpines – destruction d'infrastructures familières
- Urbanisation rapide : périurbain – bétonisation de zones naturelles d'enfance
- Érosion côtière : Bretagne, Normandie – maisons menacées, plages disparues
Au Québec :
- Fonte précoce des neiges (perte d'identité hivernale)
- Feux de forêt massifs (2023 : fumées jusqu'à Montréal)
- Dégel du pergélisol (communautés nordiques)
Profils plus exposés
Certaines populations sont statistiquement plus vulnérables :
✓ Jeunes parents (25-40 ans) – culpabilité de "mettre des enfants dans la merde"
✓ Personnes nées et ayant toujours vécu au même endroit – attachement territorial fort
✓ Agriculteurs, viticulteurs, forestiers – leur métier est directement détruit
✓ Communautés autochtones – lien spirituel au territoire
✓ Personnes âgées rurales – témoins de 60+ ans de transformation
Une étude ADEME (2024) montre que 42% des ruraux ressentent une forme de solastalgie, contre 23% des urbains.
Comment transformer l'impuissance en action ?
"Le problème c'est que ce n'est même pas à ton niveau que tu peux limiter les dégâts. Sensation d'impuissance. On est arrivé à un niveau où pour changer un minimum les choses il faudrait consacrer une bonne partie de son temps à se battre pour ça."
Ce verbatim (Reddit, 2024) résume le piège : l'action individuelle semble dérisoire, l'engagement militant coûte trop de temps et d'énergie.
La solution ? Une "ladder" d'actions à différents niveaux d'investissement, toutes associées à un impact mesurable.
Micro-actions à impact mesurable
Niveau engagement : 5-10 min/jour
1. Documenter la transformation (impact : mémoire collective)
- Photographier le même lieu chaque saison
- Partager sur des plateformes de science participative (Observatoire des Saisons, iNaturalist)
- Métrique : X photos/an = contribution à des bases de données climatiques
2. Soutenir la biodiversité locale (impact : +15-40% insectes pollinisateurs)
- Planter des espèces natives résistantes (lavande, thym, arbustes méditerranéens)
- Métrique : 1 m² de fleurs sauvages = 50 insectes nourris/jour en été
3. Réduire son empreinte carbone mesurée (impact : -12-25% CO₂ familial)
- Calculer son bilan avec Nos Gestes Climat (ADEME)
- Cibler 1-2 postes prioritaires (viande, transport)
- Métrique : passage de 10 à 7,5 tonnes CO₂/an = -2,5 tonnes (équivalent 12 000 km voiture)
4. Consommer local et de saison (impact : -30% émissions alimentaires)
- Panier AMAP ou marché producteurs 1×/semaine
- Métrique : 50% alimentation locale = -0,8 tonne CO₂/an
5. Économiser l'eau activement (impact : -20-40 L/jour)
- Récupérateur d'eau de pluie (arrosage)
- Métrique : 300 L récupérés/mois = 3600 L/an économisés
Ces micro-actions ne "sauveront pas la planète" seules.
Mais elles fournissent un contrôle émotionnel immédiat et des preuves tangibles d'impact.
Agir en collectif sans burn-out
Niveau engagement : 2-4h/mois
✓ Rejoindre un groupe local à rôles limités
- Repair Cafés, Incroyables Comestibles, Sentinelles de la Nature
- Règle : définir votre rôle précis (ex. "je viens 1 samedi/mois planter") pour éviter la surcharge
✓ Participer à des sciences participatives
- Observatoire des Saisons, Vigie-Nature, BirdLab
- Impact mesurable : vos données alimentent la recherche climatique
✓ Créer un micro-projet de quartier
- Végétalisation d'une rue, composteur partagé, fresque du climat
- Métrique : 10 voisins mobilisés = effet réseau démultiplié
L'étude "Engagement sans épuisement" (Université de Toulouse, 2023) montre que les engagements à durée/périmètre définis réduisent le burn-out militant de 68%.
Exemples d'actions "passives mais traçables"
Niveau engagement : 0 min/jour (après mise en place)
Face à cette frustration collective, certains cherchent des façons concrètes et accessibles d'agir individuellement sans avoir à gérer un projet complexe : par exemple, des investissements forestiers tokenisés au Portugal, où un certificat numérique lie directement à des arbres réels (Eucalyptus Globulus), offrant un suivi photo semestriel et un impact mesurable de 220 kg de CO₂ capté par arbre sur 6 ans, tout en générant un rendement moyen de 800€ par arbre reversé à 100%.
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Autres options passives :
Énergie verte certifiée : Switch vers Enercoop, ilek (garantie origine renouvelable)
- Métrique : -1,5 tonne CO₂/an pour un foyer moyen
Fonds d'investissement ESG : Placements finance durable (Crédit Coopératif, La Nef)
- Impact : capital redirigé vers projets bas-carbone
Dons automatiques ONG : 10-20€/mois vers reforestation, protection biodiversité
- Métrique : 20€/mois chez Reforest'Action = ~10 arbres plantés/an
Ces options combinent impact environnemental réel et faible charge mentale, répondant au besoin exprimé : "à quoi bon si ça demande trop d'efforts".
Protéger ses enfants de l'anxiété climatique
"Depuis la naissance de ma fille, il n'y a pas un jour sans que je m'interroge sur le monde qui l'attend. Le soir quand je la couche, je ressens une grande angoisse, je sais qu'elle n'aura pas droit à l'insouciance de notre génération."
Ce témoignage (Reddit ParentingFR, 2023) résume le dilemme parental.
Comment parler du climat sans transférer votre détresse ?
Parler du climat sans transmettre l'angoisse
Principe clé : Adapter le message à l'âge et au niveau d'anxiété de l'enfant
3-6 ans : Focaliser sur le "prendre soin"
- ✓ "On prend soin des arbres, des animaux, de la Terre"
- ✓ Activités concrètes : jardinage, observation nature
- ✗ Éviter : discours catastrophistes, images choc
7-12 ans : Expliquer simplement + donner du pouvoir d'agir
- ✓ "Le climat change parce qu'on utilise trop d'énergie sale. On peut changer nos habitudes."
- ✓ Impliquer dans des actions mesurables (tri, potager, calcul empreinte carbone adapté)
- ✗ Éviter : détails anxiogènes (extinction, réfugiés climatiques, montée des eaux)
13-18 ans : Dialogue ouvert + canaliser vers l'engagement
- ✓ Reconnaître leurs émotions : "C'est normal d'avoir peur, je ressens ça aussi"
- ✓ Co-construire des actions (asso lycée, grève climat encadrée, projet scientifique)
- ✗ Éviter : minimiser ("tu exagères") ou catastropher ("de toute façon c'est foutu")
Une étude UNICEF (2024) montre que les enfants impliqués dans des actions climat collectives ont 62% moins d'anxiété que ceux exposés passivement aux infos.
Réduire la culpabilité carbone familiale
"Je stresse et j'ai très peur d'avoir un 2ème enfant à cause de ça. J'en mets déjà un dans la merde, pourquoi en rajouter un deuxième ?"
Repères pour déculpabiliser :
1. Calculer l'empreinte réelle (vs fantasmée)
- Empreinte moyenne famille française : 25 tonnes CO₂/an (4 personnes)
- Impact d'un enfant supplémentaire : +20% soit +5 tonnes/an
- Mais : 70% de l'empreinte vient de 4 postes (transport, logement, alimentation, biens manufacturés) = leviers d'action
2. Compenser sans greenwashing
- 1 tonne CO₂/an ≈ 5 arbres plantés ET préservés sur 20 ans
- Famille 4 personnes : viser -30% empreinte = objectif Accord de Paris
- Métrique réaliste : passer de 25 à 17,5 tonnes = 5-7 changements majeurs sur 3 ans
3. Prioriser les actions à fort impact
- ✓ Réduire viande rouge 50% = -1 tonne/an
- ✓ Remplacer 1 voiture thermique par vélo/transports = -2 tonnes/an
- ✓ Isolation logement = -1,5 tonne/an
- ✓ Réduire vols avion = -0,5 à 3 tonnes/vol selon distance
Vous ne pouvez pas atteindre la neutralité carbone individuellement dans le système actuel. Mais vous pouvez réduire de 30-50%, ce qui est déjà considérable.
S'adapter localement sans tout quitter
Déménager n'est pas toujours possible ni souhaitable.
Beaucoup de personnes ressentent un tiraillement : rester dans un lieu devenu hostile ou se déraciner ?
Stratégies d'adaptation estivale (canicules) :
- Îlots de fraîcheur domestiques : végétalisation balcon/cour, brumisateurs, stores extérieurs
- Horaires décalés : activités extérieures avant 10h/après 20h
- Réseau d'entraide : repérer les lieux climatisés publics (médiathèques, centres commerciaux), partager entre voisins
Stratégies d'adaptation hivernale (sécheresses, restrictions) :
- Résilience hydrique : récupérateurs eau de pluie, plantes résistantes (lavande, olivier, graminées)
- Anticipation : stocks d'eau potable, systèmes autonomes (puits si possible)
Recréer l'attachement au lieu
Si votre environnement a changé, recréer du lien peut atténuer la solastalgie.
Méthode de cartographie personnelle (étapes) :
- Identifier 5-10 lieux "refuges" qui résistent au changement (un parc ombragé, une rivière, un bâtiment historique)
- Créer un rituel hebdomadaire : marcher, observer, photographier ces lieux
- Documenter les micro-évolutions : nouvelles espèces, adaptations visibles
- Partager votre carte avec d'autres (cartographie collaborative en ligne)
Rituels de réancrage :
- Jardin mémoriel : planter des espèces qui "tiennent" malgré le climat (symbole de résilience)
- Cercles de parole locaux : groupes solastalgie en bibliothèque/centre social
- Projets de réappropriation : fresques murales, land art éphémère, installations poétiques sur le changement
Une étude de l'Université de Melbourne (2022) montre que les rituels de "deuil écologique collectif" réduisent les symptômes de solastalgie de 47% après 6 mois.
Questions fréquentes sur la solastalgie
Que signifie exactement "solastalgie" ?
La solastalgie désigne la détresse psychologique ressentie lorsque son environnement familier se dégrade sous ses yeux, notamment à cause du changement climatique, alors qu'on continue d'y vivre. Contrairement à la nostalgie (deuil d'un lieu quitté), la solastalgie est un deuil écologique sans départ physique.
Le terme a été forgé en 2003 par Glenn Albrecht, philosophe australien, à partir de "solace" (réconfort perdu) et "-algia" (douleur). Il décrit une réalité croissante : la perte d'identité liée à son territoire, sans avoir bougé.
La solastalgie est-elle un synonyme d'éco-anxiété ?
Non. Bien qu'elles partagent une origine commune (conscience du changement climatique), elles diffèrent par leur temporalité et leur ancrage :
- Solastalgie : deuil au présent d'un lieu précis déjà transformé ("mon village ne ressemble plus à rien")
- Éco-anxiété : angoisse du futur, globale et non localisée ("que va devenir la planète ?")
Vous pouvez ressentir les deux simultanément, mais les stratégies de gestion sont distinctes : la solastalgie nécessite un travail de deuil et de réancrage local ; l'éco-anxiété appelle souvent l'action collective pour retrouver du contrôle.
La solastalgie est-elle une maladie mentale ?
Non, la solastalgie n'est pas classée comme trouble psychiatrique dans le DSM-5 ou la CIM-11.
C'est une réponse émotionnelle normale à une situation anormale : la destruction accélérée de votre cadre de vie. Les psychiatres spécialisés en écopsychologie la considèrent comme un "deuil écologique", au même titre que le deuil après un décès.
Cependant, si les symptômes persistent au-delà de 3 mois et altèrent gravement votre fonctionnement (travail, relations, sommeil), une consultation peut être utile pour éviter l'évolution vers une dépression clinique.
Qui est le plus touché par la solastalgie ?
Les profils statistiquement les plus exposés sont :
✓ Jeunes parents (25-40 ans) – culpabilité de transmettre un monde dégradé
✓ Personnes âgées rurales – témoins de décennies de transformation
✓ Agriculteurs et métiers de la terre – leur outil de travail est directement détruit
✓ Habitants de zones à risque – canicules répétées (Sud France), inondations, incendies
✓ Communautés autochtones – lien spirituel et identitaire fort au territoire
Une étude ADEME (2024) révèle que 42% des ruraux ressentent une forme de solastalgie, contre 23% des urbains, en raison de l'attachement territorial plus marqué et de l'exposition directe aux changements (sécheresses, perte de biodiversité visible).
Peut-on guérir de la solastalgie ?
Le terme "guérir" n'est pas approprié, car la solastalgie n'est pas une maladie. On parle plutôt d'apprendre à vivre avec, via un processus de deuil écologique actif :
- Reconnaissance : nommer et légitimer l'émotion
- Expression : parler, écrire, créer (art-thérapie)
- Action : reprendre du contrôle via des gestes mesurables
- Réancrage : créer de nouveaux liens au territoire transformé
- Ritualisation : cercles de parole, projets collectifs
Les thérapies ACT (Acceptation et Engagement) et l'écopsychologie montrent des résultats prometteurs, avec une réduction des symptômes de 50-60% après 6 mois d'accompagnement.
Comment en parler à mon médecin généraliste ?
Beaucoup de médecins généralistes ne sont pas encore formés à la solastalgie ou à l'éco-anxiété. Voici comment aborder le sujet :
Script suggéré :
"Docteur, je ressens une tristesse et une anxiété persistantes liées à la transformation de mon environnement proche (canicules, sécheresse, etc.). J'ai lu sur la solastalgie et ça correspond à ce que je vis. Pourriez-vous m'orienter vers un psychologue formé en écopsychologie ?"
Si votre médecin minimise :
- Insistez sur les symptômes concrets (insomnie, fatigue, ruminations)
- Demandez une orientation vers un psychiatre ou psychologue spécialisé
- Ressources utiles : annuaire des psys formés à l'éco-anxiété (Collectif de la Bascule)
Où trouver du soutien et des ressources fiables ?
Associations et collectifs :
- Collectif de la Bascule : groupes de parole éco-anxiété/solastalgie partout en France
- Psychologues For Future : annuaire de professionnels formés
- Sentinelles de la Nature : action locale de protection environnementale
Ressources en ligne :
- Podcast "De Cause à Effet" (France Culture) : épisodes sur solastalgie et deuil écologique
- Livre : "L'Éco-anxiété" de Alice Desbiolles (Fayard, 2023)
- Livre : "Solastalgia" de Glenn Albrecht (version française, 2020)
Outils pratiques :
- Calculateur empreinte carbone : Nos Gestes Climat (ADEME)
- Sciences participatives : Vigie-Nature, Observatoire des Saisons
- Cartographie locale : OpenStreetMap contributif
N'hésitez pas à rejoindre des communautés en ligne (Reddit r/ParentingFR, r/EcoAnxiete) pour partager vos ressentis avec des pairs.
Pour aller plus loin sans s'épuiser
La solastalgie n'est pas une fatalité individuelle.
C'est un signal d'alarme collectif, une boussole émotionnelle qui pointe vers l'urgence d'agir.
Mais agir ne signifie pas se sacrifier.
Les solutions existent à tous les niveaux d'engagement : micro-actions mesurables, collectifs à rôles limités, options passives traçables.
Vous pouvez transformer votre impuissance en impact concret, protéger vos enfants sans leur transmettre votre angoisse, et vous réancrer à votre territoire même transformé.
Le premier pas ? Nommer ce que vous ressentez.
Le second ? Choisir une action, une seule, à votre mesure, aujourd'hui.


